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Grève déclarée des enseignants au Cameroun: origine et analyse des enjeux d'une nouvelle dynamique de revendications professionnelles

De nombreux observateurs font état de la passivité ou du caractère amorphe des camerounais, incapables de se battre avec abnégation pour le respect de leurs droits. Cette réalité se reflète dans la plupart des syndicats, et particulièrement ceux des enseignants caractérisés par leur inaction ou leur inefficacité, avec un très probable lien avec le contexte de gouvernance du pays. Pour être plus précis, on peut évoquer le succès des stratégies de répression et des manœuvres de division du gouvernement, la grande corruptibilité et la désunion parmi les leaders syndicalistes. Il y a donc l’évidence d’un vide, ayant certainement entraîné l’aggravation des récriminations portant sur l’amélioration des conditions de vie et de travail de ces acteurs du milieu éducatif.

Des mouvements quasi spontanés de revendications ont ainsi vu le jour, sous forme de «collectifs », se substituant parfois ou agissant en collaboration avec les syndicats. C’est le cas du Collectif des Enseignants Indignés du Cameroun (CEIC), qui aujourd’hui malheureusement, semble n’avoir pas été épargné par les tares des mouvements syndicaux. On peut donc comprendre la naissance d’un nouveau collectif dénommé « On a Trop Supporté» (OTS), qui est en train d’impulser une nouvelle dynamique de protestation qui prend progressivement corps.

La grande détermination et l’intransigeance par la majorité des leaders de ce collectif peuvent déjà être analysées, avec le maintien d’un mot d’ordre de grève justifié par l’insatisfaction de la première rencontre avec les autorités à laquelle ils ont assisté. Les méthodes d’action semblent également s’inscrire dans le changement, avec notamment une gestion collégiale, susceptible de rendre plus difficile le démantèlement du leadership par la corruption, la prise en compte des diverses préoccupations au sein de la profession, et une mise en branle très active des réseaux sociaux. On peut donc croire qu’un grand nombre d’enseignants ne vont pas obéir à des prises de position isolées d’un ou de plusieurs leaders d’OTS, appelant par exemple à une suspension du mot d’ordre de grève.

Au-delà d’une relative volonté de trouver des solutions aux différentes exigences de ce groupe d’enseignants, la rapidité de réaction du gouvernement indique probablement une évaluation du grand risque d’une extension dans d’autres corps socioprofessionnels de la fonction publique, et éventuellement, le danger d’une dégénérescence en désobéissance civile. Dans cette réunion organisée avec OTS, l’absence d’un acteur majeur dans la résolution des problèmes évoqués tel que le Ministre des Finances, et l’évocation des obstacles liés à la soutenabilité budgétaire dans l’argumentaire des dirigeants présents, peuvent être interprétés comme une intention inavouée de tuer dans l’œuf, ou de réduire à la plus simple expression, ces récriminations des enseignants.

Il ne sera donc pas surprenant, que tout ce qui a concouru à la fragilisation des actions syndicales dans le passé, soit de nouveau enclenché (corruption et division des leaders, actes d’intimidations et de répressions principalement par des acteurs étatiques). Dans une logique de diversion, ou dans l’optique de faire échouer cette mobilisation corporatiste et transpartisane, les velléités d’assimilation de ces réclamations à des bords politiques perceptibles dans les réseaux sociaux, ne sont donc pas anodines.

Regrettablement, plusieurs opposants à cette démarche innovante de protestation sont retrouvés en interne au sein de ce corps professionnel. Ce sont entre autres, des enseignants fatalistes, intimidés par l’environnement répressif, ou motivés par leurs propres intérêts. D’autres acteurs du système éducatif, bien que conscients de la légitimité des récriminations, s’érigent en contestataires juste pour des questions de forme, espérant incompréhensiblement une hypothétique délivrance, sans s’imaginer qu’ils doivent s’y impliquer activement. Il y a également au sein de la corporation, des détracteurs syndicalistes ou issus d’autres regroupements professionnels plus ou moins structurés, contrariés par le fait de se voir ravir la vedette ou par leurs échecs du passé. Vivement que le gouvernement trouve des solutions appropriées à toutes les doléances formulées, car il est indéniable que la ressource humaine est le pilier d’une éducation de qualité à la base de notre développement. Dr Sandjong Sani