×

Veuillez désactiver le bloqueur de publicité SVP!

Vous n'aimez pas la publicité dans les pages, nous le comprenons bien! Par contre, un site d'information sans pubicité ne pourra pas survivre sans revenu publicitaire.

Cameroun : Après le sultan Mbombo Njoya, à qui Paul Biya va-t-il donner les rênes du RDPC dans l’Ouest ?

Depuis le décès, fin septembre, du sultan Ibrahim Mbombo Njoya, chacun mobilise son réseau pour prendre sa suite. Mais, in fine, c’est le chef de l’État qui tranchera.

Samedi 6 novembre, anniversaire de l’accession de Paul Biya au pouvoir. À travers le pays, les organes de base du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) vibrent au rythme des célébrations usuelles en pareille circonstance. Dans la région de l’Ouest cependant, la fête a un goût particulier : pour plusieurs barons du parti, l’évènement est avant tout l’occasion de s’afficher comme incontournables.

Il faut dire que l’enjeu vaut bien quelques efforts. Depuis que le sultan Ibrahim Mbombo Njoya est décédé le 27 septembre dernier, le poste de chef de la délégation permanente du comité central du RDPC pour la région de l’Ouest est à prendre, et c’est peu dire qu’il est convoité. Le choix final relève du « président national », autrement dit de Paul Biya, et une véritable guerre des réseaux s’est ouverte ces dernières semaines. Nombreux sont en effet ceux qui rêvent d’enfiler le costume, qu’ils pensent taillé à leurs mesures, et qui se sont donc démenés, le 6 novembre, pour faire la preuve de leur influence et de leur fidélité au parti.

Bal de prétendants

À Bafoussam, Sylvestre Ngounchingue s’est ainsi distingué en organisant une flamboyante cérémonie en l’honneur du chef de l’État. Sénateur, chef de la délégation départementale du RDPC dans la Mifi, Ngounchingue est à la tête de Congelcam, une entreprise aux affaires florissantes qui bénéficie d’un quasi-monopole sur l’importation du poisson. Cette réussite lui permet d’être l’un des principaux financiers du parti, dont il est par ailleurs un membre actif.

Cela lui suffira-t-il pour s’imposer face à d’autres prétendants tout aussi capés ? Emmanuel Nganou Djoumessi, ministre des Travaux publics depuis 2015 et lui aussi originaire de l’Ouest, n’a pas dit son dernier mot. Il ne faut pas non plus écarter Marcel Niat Njifenji, président du Sénat et – à ce titre – deuxième personnage de l’État. Le patriarche a certes 87 ans et quelques ennuis de santé, mais il demeure l’homme politique « le plus gradé » de la région. Et puis il y a les outsiders, tel Clobert Tchatat. Ce dernier n’est plus au gouvernement (il était ministre de l’Habitat et du Développement urbain), mais il est proche de l’influent secrétaire général du parti, Jean Nkuete, et son nom pourrait être suggéré à Paul Biya.

 

À Yaoundé, où l’on a l’habitude de ces rivalités internes, cette bataille de l’Ouest est suivie avec beaucoup d’intérêt. En mai 2018, le décès de Mongui Sossomba, alors chef de la délégation permanente dans la région de l’Est, avait ainsi donné lieu à des joutes similaires. Des ministres étaient même descendus dans l’arène, tel Joseph Le, chargé de la Fonction publique et de la Réforme administrative. À l’époque, Paul Biya avait finalement tranché pour l’adjoint du défunt, le sénateur Badel Ndanga Ndinga.

Déjouer les pronostics

Cela signifie-t-il qu’Emmanuel Nzete, qui secondait Ibrahim Mbombo Njoya, a ses chances ? Cela n’est pas exclu. Nzete est l’ancien délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Bafoussam. Il pourrait donc succéder au sultan des Bamouns à la tête de la délégation permanente du RDPC. Il y serait alors épaulé par Njiemoun Mama et François-Xavier Ngoubeyou, deux anciens ministres qui étaient jusqu’à présent deuxième et troisième adjoints.

 Aujourd’hui, les délégations sont de véritables leviers du pouvoir

Mais Paul Biya n’aime rien tant que déjouer les pronostics et nul ne peut prédire son choix, d’autant plus qu’un flou juridique entoure l’organisation des délégations permanentes du comité central. Mis en place en 2000 par l’ancien secrétaire général du RDPC, Joseph Charles Doumba, les chefs de délégation permanente, jadis connus sous l’appellation de « personnalités ressources d’accompagnement », sont des excroissances qui ne figurent dans aucun texte du parti.

Joseph Charles Doumba avait à l’époque justifié leur création par la nécessité de faire financer le RDPC par ses élites. Pendant des années, les délégations permanentes ont fait l’objet d’une vive contestation, notamment de la part de militants frustrés de voir parachutés dans leurs régions des membres du gotha politico-économique. Mais elles se sont finalement imposées et font désormais partie de l’architecture organisationnelle du parti. Aujourd’hui, les délégations sont de véritables leviers du pouvoir et cela explique très largement les âpres batailles d’influence que se livrent les ténors du RDPC pour en prendre la tête.

 

Jeune Afrique