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Dispute de légitimité sur la chefferie Ntsingbeu a Bafou : Dr P-M Métangmo explique au public pourquoi il tient au trône de ses aïeuls

© Photo: Roch Kenfack, Une attitude de Fo'o Ntsa-Lah

Plus de deux semaine après la double cérémonie d’enterrement officiel, et d’arrestation du successeur de Fo’o Ntsingbeu, Fo’o Ntsalah Dr P-M Métangmo a convoqué une conférence de presse, pour repréciser sa position.

Seize jours après son enterrement officiel, le 14 août dernier, nombre de personnes dans le groupement Bafou continuent de se demander, si le successeur "arrêté" ce jour-là est appelé à incarner la représentation, de monsieur Robert Kenagho ou de SM Fo’o Ntsingbeu (SM RK). Voilà l’environnement psychologique dans lequel, Fo’o Ntsalah Fo’o Nkemvou Dr Pierre-Marie Métangmo (Fo’o PMM) a convoqué une conférence de presse, le 30 août 2020, en ce domaine qui lui sert de chefferie de circonstance.

L’objet de cette sortie médiatique ? Présenter à l’opinion publique sa version des faits, sur le contentieux qui l’oppose à SM RK, pour le contrôle de la chefferie du village Ntsingbeu, groupement Bafou. Pour Fo’o PMM, « On est face à un problème de succession qui a été détourné, au tournant de l’année1955. Au lieu d’élever le successeur désigné jusqu’à sa maturité, et lui remettre le trône de ses ancêtres, on a laissé s’imposer un système où un premier régent a géré les affaires, pendant que l’enfant grandissait.

» Cet enfant, Daniel Métangmo, était mon père. Un deuxième régent est aussi passé ! Et au décès du troisième, en 1955, toute l’intrigue de la succession s’est nouée, avec la complicité des notables et de SM Fo’o Ndong Ngouacheu (chef supérieur Bafou d’alors)… » Après plusieurs recoupements d’informations, nous avons pu le vérifier. Fo’o PMM descend bien de la lignée originelle des ayant-droits de la chefferie Ntsingbeu. (cf lettre "Réunion des chefs de village du groupement Bafou, du 2 mai 2004".) [Il a pour ascendant : Téjiofouet, Kemjiodio, Mezajio, Nkemvou,…]

Et le successeur de ce dernier ne pouvant assumer la plénitude de ses missions, (selon des versions il était âgé de 5 ans), Kemtsa et Teiguetsa se seraient succédés dans la fonction de régent. Comme ces deux frères de feu Nkemvou seraient successivement décédés, peu après l’ouverture de leur régence respective, les autres régents potentiels auraient alors pris peur et renoncé, de répondre à l’appel du devoir familial. Telle serait la clé de compréhension, de la longue vacance qui s’est imposée à la tête de ce trône.

« Il était du devoir du chef supérieur de venir sur place, réparer l’injustice commise par l’un des siens… »

Au bout de cette parenthèse, le chef supérieur Bafou aurait installé le nommé Temetang sur ce trône vacant, en guise de récompense pour son endurance au travail. Certaines sources ont soutenu que le petit Daniel Métangmo, successeur légitime de feu son papa, aurait volontairement renoncé au trône de ses aïeuls à l’âge adulte, pour embrasser le catholicisme, dans un environnement psychologique qui ne pouvait aboutir qu’à une conséquence similaire.

C’est ainsi qu’au décès de SM Temetang, le jeune Robert Kenagho reprend logiquement la continuité du trône, selon les dernières volontés de son papa, qui est plutôt natif du village Batsinglah. Ainsi, se présente les enjeux de ce que d’aucuns voient ici comme « un os décharné à ronger [par des retraités]… », avant de suggérer à Fo’o PMM de laisser tomber. Mais, ce dernier dit n’en avoir pas besoin pour quelque argent que ce soit, avant d’ajouter :

« Il s’agit simplement d’une question d’identité, que je ne pourrais malheureusement pas laisser tomber, même si je le voulais. (…) De plus, les chefs étant assimilables à des leaders incarnant le prolongement de l’Esprit de Dieu sur terre, ils sont à la fois administrateurs des Hommes et officiants spirituels, au sens de nos coutumes. Voilà pourquoi mon combat se positionne autour de la défense du patrimoine culturel. (…)

» [De plus], est-ce parce que je suis riche que je ne suis plus l’enfant de mon père ? ou encore, ceux qui sont riches n’ont-ils plus rien à faire avec la tradition ? (...) Le fait que je sois un intellectuel possédant quelques moyens a conduit les gens, à faire une confusion totale. Et la victime que je suis est alors devenue le bourreau, tandis que mon bourreau se fondait dans la peau d’une victime… »

Pourtant, les relations ont plutôt très bien commencé entre les deux leaders coutumiers. Car, quand le jeune Pierre-Marie Métangmo rentre d’Europe en 1982, au terme de ses études de médecine, SM RK le prend sous son aile. Et l’affichant partout à ses côtés, dans l’essentiel de ses actes de la vie sociale, il lui aurait même permis de s’installer dans la loge réservée aux sous-chefs, à ses côtés, jusqu’à la réapparition de ce problème, en 1992, sous un visage différent.

Cette année-là, le Dr Pierre-Marie Métangmo et SM RK auraient effectué, de concert, les démarches nécessaires à l’intronisation du jeune médecin, dans le titre de Fo’o Ntsalah, par le chef supérieur Bafou (Dr Paul Kana II). Seulement, SM RK se désolidarise de l’opération la veille du jour-J. Il aurait alors flairé un piège. (cf "Lettre du chef supérieur Bafou au préfet de la Menoua, le 24 janvier 2003".) Pour lui, la cérémonie consistait juste à "asseoir " le jeune médecin sur le siège de son papa, qui aurait naguère renoncé librement au trône de chef, à lui dû.

De son côté, Fo’o PMM estime qu’il était du devoir du chef supérieur en exercice, de venir sur place réparer l’injustice jadis commise, par l’un des siens. Il ajoute : « De 1992 à maintenant, il ne restait plus qu’à l’administration de joindre la légalité à la légitimité, [enfin !] retrouvée. (…) L’administration à [même] rapporté l’arrêté de SM RK, pour le ramener dans [la descendance de] la lignée d’origine.

Ne peut-on pas partager la pomme en deux villages jumeaux ?

» Mais, ma position de cadre politique de [tout] premier plan, dans l’UDC-Menoua, (Union démocratique camerounaise), a offert à madame Foning [l’argument nécessaire, pour] faire rétablir M. Kenagho [sur le trône]… » Quoi qu’il en soit, et où que se situe la vérité historique, est-il spirituellement raisonnable d’une part, d’appeler Fo’o PMM à laisser tomber les cranes des siens, parce qu’il ne s’agit que d’une histoire « os décharné à ronger… » ?

Mieux encore, parce que la justice s’est déclarée incompétente de statuer, sur une affaire frappée de prescription trentenaire, dès l’instant où il est avéré et reconnu par tous les acteurs concernés, de près ou de loin, que la famille des chefs en exercice vient d’une lignée différente de la lignée originelle, des monarques de ce trône ? (cf document "Les chefs de quartiers et notables Bafou se réveillent et parlent.")

D’autre part, n’est-il pas abject d’inviter les héritiers de feu SM RK à vider les lieux, lorsqu’on sait qu’avec les moyens en leur possession, leurs ancêtres ont sécurisé et pris soin de gérer, du mieux qu’ils ont pu le trône querellé, durant près de huit décennies de suite, se coupant par ricochet plus ou moins totalement, de leur Batsinglah d’origine ?

Par contre, est-il aussi injuste que ça de suggérer aux parties en présence, de s’asseoir autour d’une table pour fumer le calumet de la paix, en présence ou non de témoins, à travers le partage de la précieuse "Salade de pommes de terre", tant convoitée de toutes parts, en deux villages jumeaux par exemple ?

Mais, durant les échanges du 30 août passé, Fo’o PMM a doublement insisté sur l’isolement présent de son village, ainsi que sur sa capacité d’impacter favorablement le futur de Ntsingbeu : « Si, du fait de ce sang qui coule dans mes veines, ma prière est la seule que les dieux et les cranes des ancêtres doivent entendre, je serai en tors de renoncer à ma mission d’intermédiaire, entre les populations et les esprits du village, au sujet des bénédictions à nous tous destinées. (…)

» Tenez ! malgré l’adversité dans laquelle je vis, on a au jour d’aujourd’hui une dizaine de "Dr Métangmo", venus après moi. Et si cette affaire s’était passée dans la clarté, [je serais resté ami avec les Kenagho]. Et ce n’est pas un ou deux enfants [seulement] qu’ils auraient envoyé en Europe, avec mon concours. Puisque je voudrais que les bénédictions que je fais rejaillissent sur tout le monde.

« Je ferai de Ntsingbeu le Dubaï du Cameroun… »

» Mais, on ne peut en dire autant dans aucune autre famille ici. (…) Observez [même la situation dans laquelle est] Ntsingbeu ! [Ce village] est l’un des plus grands de Bafou. [Pourtant], il reste le seul à n’avoir aucun établissement public du type : d’une école maternelle ou primaire, d’un centre de santé intégré, d’un poste agricole. L’ouverture et/ou l’entretien des routes, l’électrification rurale, l’offre en eau potable, l’initiation au maraîchage,… tout a été fait par moi ou grâce à mon intervention… »

En attendant que l’administration compétente se prononce sur le différent, le maître des lieux a achevé sa conférence de presse, en posant son regard sur les perspectives à venir, de son Ntsingbeu bien aimé : « Au final, j’ai toujours été le chef de ce village, au sens de la gouvernance moderne. Et dès que [l’administration me remettra la chefferie, après une juste] appréciation des faits, je vais exorciser toutes ces mauvaises choses, par l’organisation d’une commission "Paix, vérité et réconciliation", afin qu’on construise ensemble le village dans la justice, chacun à sa place, comme ça s’est fait en Afrique du Sud.

» Et si les choses [reviennent dans leur ordre normal], je peux vous donner rendez-vous dans dix ans, pour faire de Ntsingbeu un Dubaï, un Paris ou un Manhattan à l’échelle non pas du département ni de la région, mais de tout le Cameroun. Les cartes utiles sont toutes en place, pour que ce peuple retrouve sa bénédiction traditionnelle, et s’articule avec l’émergence… »

Foo Ntsa Lah s adressant a ses populations