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Élection présidentielle 2018 - Menoua: La population sanctionne une élite égocentrique

Elle a massivement boudé leurs consignes de vote lors de la Présidentielle du 7 octobre dernier.

C’était un rêve fou. Même au sein de l’opposition, peu de personnes auraient parié pour une défaite du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) lors de l’élection présidentielle du 7 octobre dernier, dans la Menoua. A raison. La configuration de la carte politique de ce département permettait au parti au pouvoir d’arborer logiquement la casquette de grandissime favori. C’est que, lors des municipales et législatives de 2013, il avait fait une razzia ; prenant seul le contrôle de toutes les six communes de ce département, et remportant l’ensemble des cinq sièges de ce département à l’Assemblée nationale. La présidentielle aux yeux de Jean Pierre Fogui, chef de délégation permanente départementale du comité central du Rdpc pour las Menoua, n’était donc qu’une formalité. Pourtant, certains événements et faits avaient entretemps fragilisé la base de ce parti. D’un côté il y a cette fracture entre l’élite et les populations. Cela semble avoir trahi les ambitions égoïstes des représentants de cette composante sociologique dans le sérail. La population leur reproche leur manque d’intérêt sur des sujets engageant la communauté entière. Pendant que la polémique sur le dossier de la Faculté de médicine et des sciences biomédicales de l’université de Dschang, enflait, ces élites étaient restées muettes comme des carpes quand l’opposition et le Social democratic front (Sdf) en l’occurrence, par l’entremise d’Etienne Sonkin, en faisait une préoccupation primordiale. Sous cette forte pression de l’opposition, le Ministre de l’enseignement supérieur (Minesup) consentait enfin au bout de 5 années d’attente d’implémenter cette volonté du Chef de l’Etat. Mais dans les mémoires, ce dénouement sonnait comme une victoire non pas du Rdpc, mais de l’opposition. L’autre dossier sur lequel le mutisme des cadres du Rdpc a fait croire qu’ils militeraient davantage pour les propres intérêts, c’est le choix des infrastructures dédiées à l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (Can 2019). Au cours de plusieurs réunions, était ressortie une volonté des pouvoirs publics à réhabiliter le Centre climatique de Dschang pour l’accueil une partie des officiels de cette compétition. Au cours d’une visite de cette infrastructure, le Ministre du tourisme et des Loisirs (Mintoul) était revenu sur ce projet. Mais à l’approche de la compétition proprement dite, plus rien ne filtre. L’espoir des populations de la Menoua de voir ce site qui faisait jadis leur fierté, sortir de la vétusté dans laquelle elle se trouve, s’est complément évaporé. L’image des élites et Rdpc prenait-là un autre coup. « Que font ces élites face à la marginalisation dont la Menoua est victime ?», s’interrogeait un natif de ce département. L’impression d’une marginalisation de la Menoua allait grandissante chez les populations qui faisaient une comparaison entre l’engagement des élites des autres départements pour leurs communautés et les leurs. Des différents projets routiers ci et là, aucun n’a été réalisé dans ce département pendant les sept dernières années. Pire, aucun n’est en projection hormis les routes du bassin de désenclavement des bassins agricoles de l’Ouest.

À Dschang, l’éjection des natifs de la Menoua des postes de proviseurs des principaux de la ville a également accueillie comme pilule difficile à avaler. « Nous sommes allés rencontrer notre plus grande élite (Jean Nkuété, ndlr) pour lui parler de l’impact que cela pouvait avoir sur la présidentielle, mais elle n’a rien fait », souffle un cadre du Rdpc.

À côté des griefs restés vains des populations, les querelles internes ont contribué à fragiliser le Rdpc dans la Menoua. La promotion de certains militants (pas populaires) à des postes de responsabilité à la base du parti, lors des dernières opérations de renouvellement des organes de base, avaient laissé des plaies saignantes. Mais au nom de la discipline de parti, personne n’avait le droit d’exprimer son mécontentement à ciel ouvert. Pendant la présidentielle, les dépités ont préféré laissés ces responsables montrés leur force de frappe. « Nous avons longtemps travaillé pour certains ; il est temps que ceux-là montrent leurs capacités », nous murmurait un militant du Rdpc pendant la campagne électorale.

Par le passé, la population estudiantine était capitalisée par le Rdpc. Alors recteur de l’université de Dschang, Anaclet Fomethe avait pu infiltrer cette population pour des fins politiques. Cette stratégie a été d’un apport de taille dans les victoires antérieures du parti des flammes. Mais son prédécesseur semble plutôt discret et effacé de la scène politique. Et cet électorat estudiantin a migré vers l’opposition ; notamment le Mouvement "11 millions de citoyens" et le Mrc dont le leader est enseignant dans cette institution universitaire.

Pour mémoire, lors l’élection présidentielle du 7 octobre dernier, le Rdpc (43,68%) a été devancé par le Mrc (46,68%). En raison de l’inertie notoire des maires et des députés, le parti au pouvoir peut reculer encore plus pendant les élections locales à venir.