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Pr Samuel Nzietchueng anticipe sur ce qui adviendrait si l’Etat continue de négliger la recherche agricole.

Ecrit dans une perspective agronomique, l’ouvrage du Pr Samuel Nzietchueng traite fondamentalement d’agronomie.

En après-midi du mercredi 28 mars 2019, la ville de Dschang a eu l’honneur d’accueillir la dédicace du dernier ouvrage de Samuel Nzietchueng. Ce livre porte le titre : "Recherche agronomique et agricultures vivrières au Cameroun. 50 ans de balbutiements, de progrès et de tâtonnements (1965 - 2015). Cas des plantes à tubercules et racines amylacées." La préface de cet ouvrage est signée de jacques Paul Eckebil, l’une des plus hautes références académiques en la matière.

Ce livre est un récit de trois cents pages. Il s’articule en trois grandes parties, écrites dans une perspective historique. Et comme « Le passé est le levain du présent et la truelle pour bâtir l’avenir. », selon les mots de l’auteur, l’ouvrage a pour objectif d’informer les générations suivantes, et les historiens de l’agronomie, de l’existence d’une abondante littérature centrée sur la recherche en agronomie et en agriculture vivrière. Cette littérature est aujourd’hui menacée, malheureusement, par les dommages du temps et l’oubli numérique.

Conscient comme l’a affirmé Jacques Attali, qu’"Il n’est pas possible de regarder loin devant soi, sans une meilleure compréhension du passé lointain dont dépend celle du présent…", Samuel Nzietchueng a plongé les racines de ses recherches, dans les débuts du commerce triangulaire, avec les portugais qui, en échange des captifs reçus, offraient à leurs partenaires africains des plantes alimentaires nouvelles : maïs, haricot, manioc, patate douce, pomme de terre…, en provenance d’Amérique.

Ces plantes dont les autochtones s’étaient vite appropriées, et qui s’étaient s’imposées « dans leurs habitudes alimentaires avec le temps, indifféremment des époques (allemande, française, britannique), et des contextes socio-politico-économiques… » Bien avant la période allant de 1961 à 1965, ces cultures formaient déjà la base alimentaire d’une grande partie de la population, du futur Cameroun.

Un plaidoyer pour un financement massif de la recherche agronomique.

Par ailleurs, la majorité des dispositifs sociotechniques, dans les domaines de l’agriculture et de la recherche agricole, dont avaient bénéficié les Etats fédérés de l’ex-République du Cameroun fédéral, de 1961 à 1972, sont des héritages des époques allemande, française et britannique. Soit de la période couvrant les années 1884 à 1965.

La relative jeunesse de l’Etat du Cameroun, et de tous ses outils sociotechniques de développement expliquent, en grande partie, la situation presque chaotique actuelle, que Fernand Braudel qualifie "d’agitation de surface". Cependant, « l’investissement approprié qui avait été fait, dans le domaine de la recherche sur les plantes vivrières, par les instituts de recherche de 1965 à 1990, en contexte socio-politico-économique très favorable, avaient généré les résultats qu’on continue d’apprécier aujourd’hui.

Autrement dit, « La recherche étant par nature une activité à effets différés… », on peut dire que l’augmentation spectaculaire de la production de « l’agriculture vivrière spéculative », au cours des dernières décennies, est en grande partie due à l’utilisation de nouvelles technologies de production, mises à la disposition de la société par la recherche. Ce constat a conduit l’auteur à donner un conseil aux jeunes générations : « Le développement socio-économique du Cameroun n’est pas envisageable, sans une parfaite maîtrise de la science et des technologies… »

En voyant le verre à moitié vide, plutôt qu’à moitié plein, on pourrait valablement affirmer que cet ouvrage est un plaidoyer pour un financement massif de la recherche agronomique. En d’autres termes, il s’agit d’un prétexte à travers lequel l’auteur a anticipé sur ce qui attend le Cameroun, dans les décennies à venir, si l’Etat continue de négliger d’investir dans la recherche agronomique, ainsi que dans ces chercheurs qui l’animent.

Pr Samuel Nzietchueng se positionne désormais tel un "patrimoine" à exploiter, pour les bonheurs de demain.

Du haut de ses soixante-douze ans, Pr Samuel Nzietchueng est né le 15décembre 1947, à Bayangam. Titulaire de la première thèse de doctorat d’Etat de biologie, l’université de Yaoundé, il est à la base agronome. Directeur de recherche émérite de l’Institut de recherche agronomique (IRA) de Dschang, il est ancien professeur associé de biologie et pathologie végétale, des universités de Yaoundé et Dschang.

Sur le plan international, il a occupé les fonctions de directeur général de l’Agence africaine de biotechnologies de l’Union africaine/NEPAD, à Alger de 1997 à 2005. Par ailleurs, il est membre du panel africain de haut niveau, sur les biotechnologies de l’Union africaine/NEPAD, et cofondateur de l’Académie des sciences du Cameroun, en 1990

Pr Alexis Teguia, enseignant en la faculté d’Agronomie et des sciences agricoles, de l’université de Dschang, s’est fait l’honneur d’assurer la modération de la cérémonie, de dédicace, lors de laquelle l’auteur a déclaré à la centaine de ses auditeurs, qu’ils ont bien pensé en honorant le rendez-vous, du mercredi 27 mars passé.

Car, comme l’a souligné Dr Jean-Claude Tchouankap, historien, chercheur et écrivain, « En publiant cet ouvrage à ce moment de sa vie, Pr Samuel Nzietchueng s’est définitivement inscrit dans l’éternité, et se positionne désormais tel un "patrimoine" à exploiter, pour le bonheur des générations futures. C’est ainsi que l’auteur a donné pleinement un sens concret, à la définition que les anciens égyptiens accordaient au concept "Histoire" : Hier m’a enfanté, voici qu’aujourd’hui, je crée les demains. »

En guise conclusion finale, Pr Alexis Teguia a lancé : « Merci pour votre générosité intellectuelle… »

Avec Jean-Claude Tchouankap.