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La colère de la Suisse contre Biya, par Henriette Ekwe

La gloutonnerie en séjours privés au pays des Helvètes, la Suisse, a eu raison du mépris de Paul Biya pour son peuple du fait de la résistance de jeunes Camerounais engagés dans la lutte pour le changement.

Toute la presse suisse l’a qualifié de dictateur ou de dictateur, ce qui ne vaut guère mieux. Comment cela a-t-ilpu se passerpendant plus de trois décennies sans coup férir. Comment le pays des Helvètes nourrit de la morale rigoriste du calvinisme, la Suisse a-t-elle pu garantir un havre de paix à un dictateur africain, privilège qu’elle a refusée à d’autres chefs d’Etat.

C’est vrai que le président Camerounais d’être toujours en exercice et revendique une protection diplomatique qui selon lui, a été défaillante face à la colère et la détermination des Camerounais. Il y a tout juste quarante ans, en 1979, l’empereur d’Iran, le Shah, chassé de son pays par l’Ayatollah Khomeiny s’est vu sèchement refusé l’asile politique en Suisse. C’était pourtant le pays de son adolescence, lui qui a fait sa scolarité au collège du Rosset, un établissement scolaire pour fils de milliardaires et de rois. Le Shah parlait couramment français. Et son immense fortune reposait dans les coffres forts des banques suisses jalousement protégés par un secret bancaire inviolable et légendaire. La veuve du Shah d’Iran, Farah Dibah relatera dans ses mémoires ce souvenir douloureux. 1986, Jean-Claude Duvalier,baptisé Bébé Doc, est chassé de son pays par une révolte populaire.

Les Etats-Unis affréteront un avion pour exfiltrer le bébé dictateur d’Haïti qui, lui aussi envisageait d’aller dansun premier temps en Suisse, mais la Suisse a refusé de l’accueillir. Alors, sa course s’est arrêtée en France dans un logement social minable. Son épouse couverte de diamants va l’abandonner ainsi que sa maman pour refaire sa vie ailleurs.

En 1997, Mobutu SesséSéko le dictateur du Zaïre, chassé du pouvoir parLaurent Désiré Kabila, va se rendre dans un premier temps à Rabat au Maroc. Il envisageait alors de s’installer en Suisse. Mais l’asile lui a été refusé. Mobutu a dû se contenter de l’hospitalité que lui offrait le Roi Hassan II. C’est au Maroc, que Mobutu décèdera quelques mois plus tard. Aussi bien le Shah d’Iran que Mobutu du Zaïre étaient atteints d’un cancer en phase terminale. Cela n’a pas suffi à leur gagner la mansuétude des autorités Suisses. Entretemps le sociologue et internationaliste Jean Ziegler a publié un livre qui va connaître un succès phénoménal à sa parution en 1976, il s’agit de « La Suisse au-dessus de tout soupçon ».

Ce pays pétri de morale calviniste d’un rigorisme infaillible. Ce pays dont la doctrine est fondée sur la rédemption et le salut par le travail, a répondu non il y a deux ans lors d’un référendum où le peuple devait se prononcer sur l’adoption d’une semaine de congé supplémentaire, ce à quoi les helvètes ont répondu non. Ce n’était donc pas le lieu le mieux destiné à abriter d’interminables moments d’oisiveté.

L’ouvrage de Jean Ziegler épinglait cette Suisse paradis des dictateurs qui arrachaient toutes les richesses du pays à leurs peuples pour les entreposer dans les banques Suisses. Ziegler réclamait au capitalisme furieux qui affame les peuples et les enferment dans une dictature féroce où des enfants meurent de faim dans l’indifférence de ces gouvernements.

Une fois de plus, le fondement de cette Suisse calviniste dans laquelle on prône le travailqui procure le salut et la rédemption au même titre que la prière. On doit travailler dur pour obtenir le salut et la rédemption. La sobriété des décideurs et les milliardaires se promènent à vélo sans une ruée de gardes du corps. Pour résumer, le président Camerounais qui se prélasse dans un palace à longueur d’année au prix de milliards denos francsest un mauvais exemple pour la moralité suisse.

Une émission de la télévision suisse, Temps présent, a révélé il y a quelques mois que le président Biya a passé près de cinq années en Suisse, hors de son pays et des sièges des institutions. Ces institutions dont se réclament aujourd’hui les courtisans du régime de Yaoundé.

Les institutions ne vont pas en divagation à travers le monde. Mais le président ne se sert que de son pouvoir pour épater les Suisses. De temps à autre, les dirigeants de l’hôtel Intercontinental sont conviés aux festivités du 20 mai, présence remarquée dans la tribune présidentielle, et autres visites de quelques sites touristiques, puis le départ, les valises bourrées de cadeauxprestigieux. Mais souvent, le couple présidentiel n’hésite pas non plus d’afficher son amitié et surtout une certaine intimité avec Benjamin de Rothschild fils d’Edmond et de Nadine de Rothschild. Ah quel bonheur de tutoyer un Rothschild. On voit donc cet homme arpenter le palais aux dorures et au marbre rare, appeler le président et son épouse par leur prénom. Le président du Cameroun se sent tellement bien à Genève qu’il en a oublié que le siège des institutions se trouve bien à Yaoundé et non à Genève.

Quand le résident doit se rendre à un sommet aux Etats-Unis, au Canada ou même en France, il décolle de Genève et non point de son pays. Dans les années 1990, le président Biya est fait citoyen d’honneur de cette ville. La cérémonie de la remise des clefs de la ville au président fait l’objet d’un reportage de la télévision nationale. Depuis, l’ivresse des sommets alpins eu une séduction renversante. Les élus du président qui l’accompagnent dans ses déplacements à Genève vantent le plaisir que le président éprouve à faire sa marche quotidienne autour du lac Léman. Exhiber le petit Versailles du Cameroun, le Palais d’Etoudi ruisselant de dorures et de marbres rares sied parfaitement à notre Roi Soleil.

Depuis que Biya, dès son arrivée au pouvoir, a jeté son dévolu sur l’étranger, toutes lesrésidences présidentielles ont été abandonnées, malgré la dotation qui leur est attribuée. A Douala, à Kribi, à Bertoua, à Garoua, sur le lac Nachtigal, Bwea, le parc Waza à Maroua etc, Et on pourrait en construire d’autres, notamment sur les chaînes montagneuses de l’Ouest et du Nord-Ouest qui forment des paysages époustouflants aux touristesqui les visitent.

La résidence présidentielle de Douala a une histoire particulière. Lors de son édification, le président Ahidjo décide de refermer le bel hôpital pour européens de Douala que l’on appelait l’hôpital général sur l’embouchure du Wouri, à Bonanjo.L’hôpital a été tout simplement fermé pour assurer la sécurité du président. Il faut dire que laporte de sortie du pays est à Douala par l’aéroport international et par le port. Le président y séjourne peu, mais à chaque passage à Douala, il y reçoit toute la classe politique basée dans la capitale économique du pays. D’autresfois, la première dame peut y séjourner lorsqu’elle vient faire les courses à Douala.

Un exhibitionnisme de mauvais aloi Mais Biya n’aime pas son pays. Voici un président qui vit en Suisse, quand il envisage le moindre voyage pour assister des sommets de la Francophonie, du Sommet France-Afrique ou des sommets del’Onu, il passe invariablement par la Suisse. Le président fait désormais de la Suisse un prolongement des institutions. Ce na ne gêne pas du tout le président de séjourner de longs mois dans ce pays.

Des nouvellesparviennent au bon peuple du Cameroun que son président ne peut plus se passer de ses promenades autour du Lac Léman bien plus classe que le lac de Yaoundé insalubre que le gouvernement ne parvient plus à assainir pour offrir aux Camerounais ce haut lieu de loisirs nautiquessoigné par la communauté européenne de la capitale. Alors aujourd’hui, lescourtisans du pouvoir hurlent à la trahison des Suisses qui n’ont pas pu convenablement protéger l’institution présidentielle en divagation chez les Helvètes.

Là, on a tout oublié, les discours furieusement souverainistes lorsque l’on interpelle le gouvernement camerounais sur la crise anglophone sur la crise politique et l’arrestation des leaders politiques de l’opposition.

A ce moment-là, on fait fi des conventions, traités et autres protocoles, on est un peuple souverain qui dénonce toute critique venues de l’extérieur et assimilé à une grossière ingérence. Mais dès que le président a été « attaqué » à Genève tout le monde a repris les discours sur le droit international publique et l’obligation deprotéger l’institution présidentielle camerounaise en divagation.

Car plus qu’une résidence présidentielle, le palace genevois sert également de bureau où le président reçoit certains de ses compatriotes qui doivent y négocier des rendez-vous pour rencontrede ce président invisible dans son pays. C’est aussi en Suisse, depuis le palace qu’il lui arrive d’enregistrer le message présidentiel du 10 février à la veille de la fête de la Jeunesse. Plus grave encore, un 28 août, le président s’envole pour la Suisse, escaleincontournable sur son chemin vers New-York où doit se tenir un sommet de l’Onu au cours duquel tous les chefs d’Etat sont conviés à une commémoration des attentats de New-York dont la cérémonie est prévue à Grand Zero, le carré sur lequel ont été percutés les deux avions du 11 Septembre 2001 qui ont percuté les deux tours complètementrasés par le feu. Après ce sommet, le président s’installe à nouveau dans son pays, la Suisse,jusqu‘au 10 Octobre, date à laquelle le verdict du procès de Bakassi devant la Cour Internationale de Justice a été rendu. Le peuple camerounais est soulagé et heureux de cette issue favorable du procès. Le peuple seréjouit de cette victoire mais le président est depuis plus de deux mois en Suisseet ne compte pas du tout d’envisager un retour au pays en cette journée historique. Contrairement à ce qu’on pourrait attendre d’un président, non seulement Biya ne rentre pas au Cameroun, mas il s’autorise cette entorse désormais habituelle, exiger à la télévision nationale, la Crtv, d’amener le nécessaire pour constituer un studio de télévision avec les emblèmes de l’Etat pour enregistrer le message de Paul Biya à la Nation. Comment pouvait-on concevoir que le président choisisse un pays étranger au moment où la Cour internationale de justice proclamait la souveraineté du Cameroun sur la péninsule tant convoitée de Bakassi ? Le président a perdu tout sens de la décence et du patriotisme dont il se réclame à corps et à cri.

En consacrant une place européenne comme second siège des institutions, il se disqualifie complètement quand il invoque l’attaque de l’institution présidentielle en Suisse. Parce que cela n’existe nulle part ailleurs sauf en cas de conflit où un gouvernement est forcé à l’exil. Les institutions ne partent pas en divagation comme une vulgaire chèvre du village. Quand on prône le patriotisme, alors on donne l’exemple. On reste chez soi. On se soigne chez soi. On fait de son pays où il fait bon vivre avec des équipements dignes des ressources exploitées au Cameroun, en matière de routes d’équipements sanitaires à la portée de tous, d’infrastructures scolaires et universitaires, en logements sociaux, de routes, etc...

Au lieu de cela, le président a choisi d’infliger au trésor public des dépenses faramineuses pour financer son train de vie au profit en partie d’un pays très riche qui vit dans l’opulence et en restant sourd aux cris de détresse d’un peuple précipité sans management dans la misère.

La revanche du Parlement estudiantin de 1991 Le 6 mai 1991, se produisait un événement inédit dans l’histoire du Cameroun. E campus universitaire de NgoahEkelle était en grève. Une grève menée par le parlement estudiantin pour l’amélioration des conditions de travail, des logements étudiants, l’octroi des bourses d’études.

La réaction du régime du Renouveau, comme toujours, fut d’organiser une répression terrible en jetant l’armée sur le campus. Il a plu des tortures, des filles violées ou promenéesnues sous l’œil lubrique des bidasses. Les membres du Parlement furent chassés du campus et radiés de l’Université. Ils n’eurent même pas droit à l’attestation de leur niveau d’études. Ces jeunes se sont éparpillés à travers le monde, mais ils ont continué leur lutte pour un changement au Cameroun. Leur groupe baptisé le Code, s’est juré de traquer le président Camerounais partout il sera, que ce soit en représentation ou en villégiature. Ils vont s’illustrer ainsilors du passage du président à Londres devant le 10 Downing Street siège du Premier Ministre.

Ce sera encore le cas dans un palace parisien lors du sommet mondial sur le cliat, la COP 21 où le Code va s’inviter alors que le présidenty réside lors d’un sommet. Depuis que Biya s’est définitivement installé à Genève, le code n’acessé de lui rendre de désagréables visites pour lui rappeler qu’il a ses obligations.

Un jour, c’est un petit cercueil que l’on a introduit dans son hôtel pour lui réclamer le bébé de Vanessa Tchatchou, nom de cette jeune femme qui a accouché d’un bébé à l’hôpital obstétrique de Yaoundé, don de la Corée du Sud. Une autre fois, c’était pour dire que le Nord du pays était frappé d’une épidémie de choléra etc.. Cette fois-ci, le Code avec une brigade anti-sardinarde multi ethnique a choisi de mobiliser l’opinion suisse et internationale en communiquant son combat aux médias et à des hommes et des femmes politiques du pays des Helvètes.

Le retentissement de la manifestation du 29 juin a enfin plongé Biya dans un doute profond sur sa légèreté. Aujourd’hui, il est à la recherche désespérée d’un point de chute toujours en Europe, sa terre d’élection. L’opiniâtreté des étudiants de 1991, rappelle celle des Etudiants américain des années 60-70 qui ont combattu la guerre du Vietnam en retournant l’opinion américaine contre cette guerre qu’ils jugeaient injuste et inutile.

Tous les campus américains se dont dressés contre la Maison Blanche, l’obligeant à mettre fin à cette boucherie. Tous les diplomates africains basés à Genève au Palais des Nations, quartier général de l’Onu, ont pu constater qu’un président africain qui est absent de tous les sommets sans exception de l’Union Africaine ou de la Cemac, peut passer des mois à se prélasser dans un palace tout proche. Ses conseillers sans consistance politique qui le confortent dans une telle paresse sont aussi responsables de cette image désastreuse que le résident Camerounais a offert à l’opinion internationale.