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Cameroun - le ghost town du lundi à Bamenda: Récit d'un citoyen inhabitué à de grosses frayeurs

© Photo Innocent Kadji: Up station Bamenda

Depuis bientôt 3 ans, les deux régions principalement anglophones du pays sont plongés dans l'instabilité avec la crise anglophone presque dégénérée en guerre civile.

Voici le récit d'un confrère de Radio Tonepi parti faire une mission de travail à Bamenda le lundi.

«Mes 9h en territoire hostile.

Le ghost town de ce lundi à Bamenda. Si ça peut servir.

J'aime mon travail et je pense être un matériau du développement du Cameroun. Je devais me rendre dans cette autre région de notre pays.

En face de la mobile de Mbouda ce lundi matin 5h, j'attends le bus. Aucun car de destination Bamenda. Déguisé en un vulgaire ouvrier, je débarque à bord d'une Carina E avec d'autres bonshommes aux allures bizarres. 2000 FCFA, le prix à payer et avant de sortir de la ville. 4 passagers devant et 4 autres derrières. Nous étions 8 dans un taxi prévu pour 5 places. Avons nous le choix? Que non. Car, c'était la seule voiture de la journée en partance pour Bamenda.Je décide d'être au milieu. On ne sais jamais, mon voisin pourra amortir la balle au cas où !

Mes voisins parlent en Une langue dont, je ne comprend que dalle. A les observer, je comprend qu'il faut être neutre. Bizarre sur mon téléphone il y a pas de jeu, j'ai donc téléchargé le premier jeu que Playstore m'a présenté. Je met les écouteurs au oreilles, même comme il y'avait aucun son.

La première voiture nous croise vers Santa. De part et d'autre de la route, silence total. Aucun être humain. Le chauffeur roule à tombeau ouvert. Je comprend que c'est pour éviter les attaques.

Premier contrôle, tous, pieds à terre, on traverse la batterie d'hommes armés et cagoulés, on dirait un film de guerre. Mes yeux bougent dans mes orbites, on dirait un revenant. Curieux, la voiture n'a été fouillée et personne ne m'a demandé une pièce d'identité. Subitement, j'entend ''ooohh stooop'' je m'arrête tout grelotant, mais avec confiance, c'était des militaires et j'avais rien à craindre. C'était pas à moi qu'on s'adressait, c'était l'avant dernier du rang, le 7em, j'étais 3ème. Le jeune homme feint d'entendre. Krac krakk, le bruit des armes raisonnent. Sans savoir quand, j'avais les mains sur la tête '' j'ai souvent vu à la télé dans les film de guerre''. Le 7eme du rang est extirpé. après fouille, on trouve sur lui, des choses bizarres et un couteau douteux. Après explications, on le laisse, et nous revoici à bord de la carina. Départ. Quelques km après, mes 2 voisins sortent chacun un long couteau type pro, des film de guère américain et se mettent à découper les pommes. Mon rythme cardiaque augmente, suis je était kidnappé ? Vont ils me torturer ? Que des questionnement qui fusent dans mon cerveau.

Nous voici à AKOUM, la voiture de la gendarmerie nationale qui nous traverse en vitesse. Avec à son bord, des soldats armés et les fusils braqués de tous les côtés. Nous traversons un second poste de contrôle à pied. J'aperçois des sacs entassés et derrière, une jeune dame qui me fait la main. AAH, elle saluait le chauffeur.

Nous voici à up station, les motos sont la et quelque humain qui flannent, 4 sur 5 sont des hommes en ténue même si, tous ne sont pas en ténue. J'emprunte une moto pour le lieu de travail. "i have 1000, you have change ?", il répond ''yes''. Brouuuummm, départ, arrivé. Le type prend mes 1000 fcfa et me remet 500fcfa, à peine on avait parcouru 300m. Surpris, il me dit, ''information bro...''. Ok, ''thank my brother, small time ooohh'' A quelque mettre, un jeune policier de la GMI m'identifie. ''C'est Kadji ?'' , surpris, je feint , il réplique "kadji de la #JABI ?" Ooohh, les pipices ont failli sortir. Je me dit sa y est, un règlement de compte? Mais, le fait qu'il parlait en français me réconfortais. On a longuement échangé et j'avais déjà une personne à joindre au cas où !

Mon travail fini vers 12h. A 12h20mn, debout en route au niveau du poste de douane, j'attends le bus pour rentrer. 2h après, aucune voiture en dehors des véhicules militaires et des gendarmes dans les taxis de ville. Subitement, les gens se mettent à courrir, Aiiich, mon sprint, même bolt Hussein ne pouvait me rattraper. Traaata tataaaa... bouuuh.. bouuuh. Un pickup pourchasse une moto transportant 2 jeunes gens. Bref, je ne suis pas certain, il fallait se mettre à l'abri. Le calme revient. Mon ami du GMI du matin m'appelle et prend de mes nouvelles. Je vais bien. En larme, il m'apprend que son compagnon, son ami vient de tomber, une balle dans la nuque. Terrible.La peur m'envahit, je pense à ma famille et j'active la géolocalisation sur mon téléphone. On ne sait jamais. C'est pour mon travail que j'aime tant que je suis là. C'est mon pays.

17h27mn, un homme vient à nous, et propose de nous amener à Mbouda si chacun payé 6000 fcfa. Des 10 personnes, je suis le premier à dire ''sans problème '' (il parlait français, c'était un gars Batcham ). Les autres ont aussitôt accepté. On embarque.

Eeehhh aaahhh. Il y a pas assez de carburant pour arriver à Babadjou, la seule ville ouverte avant mbouda. On décide d'entrer en ville de Bamenda pour chercher le carburant.Mobile nkwen, aucune ombre humaine, mes cheveux blanchissent à vu d'œil. Un homme traverse la route avec une machette en main. J'aperçois mes mains vibrer, on dirait un vibromasseur en accélération. Devant l'agence Amour Mezam, un petit groupe de personne observe le seul véhicule en mouvement à Bamenda. Le type chez qui on vient acheter le carburant refuse de vendre avec un ère terrassé. Sans doute, il avait peur.Les autres passagers nous orientent vers mille two, chez l'un de leur ami. Faut seulement voir les regards sur notre véhicule. J'avais peur massahh.Le littre de carburant c'est 1000 fcfa à prendre ou à laisser. Fâché, le chauffeur décide de ne plus voyager et veux nous laisser là-bas. Massaahhh, tu es malade. Je décide de payer le surplus. On prend le carburant. Un groupe de jeunes arrivent à moto et se ravitaillent. L'un d'eux s'aperçoit de ma peur et vient vers moi. J'agrippe mon voisin et lui griphone le mot de passe de mon téléphone que je glisse entre ses jambes. Sa y est. On m'a kidnappé. ''Evening sir...'' à t il dit. Sachant que mon accent et mon faux anglais me trahiront, je joue le jeu du sourd muet. ''...Eeehh aaahhh bouu bouuuh eeeh...'' voilà ma réponse en agitant la main. Ok. Ils sont parti. Nous aussi.19h, nous sortons de Bamenda. A up station, je prend la photo ci-dessous.

Une fois arrivé à Babadjou, je sort la seule phrase complète en français pour dire '' bonsoir à tous'' à mes compagnons.

J'avoue que lors de ma longue attente à up station, je n'ai regardé une fille de face. On ne sais jamais. Mes yeux étaient braqués au sol.

Aujourd'hui, je raconte cette histoire du 25 mars 2019 pour dire à quel point la paix et la stabilité n ont pas de prix.Je raconte pour nous appeler à résoudre cette situation.

Que la paix de nos aïeux veille sur le Cameroun. C'était pas radio #tonepi, cette fois, c'était moi innocent au carré. Kadji au carré»

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